PONY - Lucy, gone
Évoluant constamment dans un monde coloré où rappeurs et personnages imaginaires se côtoient sur fond naïf et enfantin, Pony rayonne, depuis quelques années déjà, dans les scènes montréalaise et internationale en tant qu’artiste visuelle. Bien ancrée dans sa sensibilité, elle défie les polarités de son univers et illustre les réalités souvent crues de ses expériences en les intégrant dans un monde ludique et joyeux aux couleurs vives et aux lignes relevant du dessin animé.
Déjà fan de son art, je voyais souvent passer ses projets sur Instagram, et voilà qu’en juin dernier, je suis tombée sur une de ses publications, honnête et bouleversante, dans laquelle elle célébrait une grande réussite personnelle : sa quatrième année sans consommer de cocaïne. Son message sans artifice nous menait dans les dédales sombres et sinueux de son passé, de son enfance torturée par la colère et l’anxiété pour finalement déboucher sur la finalité salvatrice de son parcours : sa propre renaissance – un message rempli d’espoir pour ceux qui vivent dans la détresse. Sa générosité désarmante suintait la vérité, la vulnérabilité et nous avons trouvé ça beau.
C’est un message positif et important.
Nous lui avons donc fait de la place dans nos pages pour illustrer ses propos et pousser son message encore plus loin. Et c’est dans ce même élan de dépassement, s’inspirant de la ligne directrice de ce numéro, que Pony a quitté sa zone de confort en délaissant le dessin et en s’installant littéralement au centre de son propre univers, protagoniste de sa victoire. Dans ces fresques d’une beauté qui lui est si singulière, elle y explore la dualité du bien et du mal, et surtout, la consécration de ses plus grandes batailles.
Peux-tu nous parler de ta démarche derrière le projet que tu as élaboré pour notre numéro Nu?
Est-ce que le décollement de la rétine avait un lien avec la boulimie?
En travaillant sur ce projet, tu as souvent fait référence à la dualité ange/démon pour représenter tes dépendances et tes réussites. Est-ce que cette dualité existe encore en toi?
Est-ce que tu croyais à tout ça, le concept de la religion?
Et aujourd’hui, avec ta mère?
Qu’est-ce que tu dirais à la Pony enfant si tu pouvais être à ses côtés avec la sagesse et l’expérience que tu as maintenant?
Si tu n’étais pas passée par là, est-ce que ton art serait ce qu’il est aujourd’hui? En ferais-tu tout court?
Est-ce que toute cette anxiété-là t’est nécessaire pour créer? Si tu ne te tournes pas vers ce qui a été difficile dans ta vie, est-ce que tu manques d’inspiration?
Derrière le projet que tu as réalisé pour Dînette, on sent qu’il y a quelque chose de vraiment dark, comment fais-tu pour prendre ces idées-là et les tourner en quelque chose de complètement ludique, à la limite comique?
Voues-tu ton art qu’au dessin?
Qu’est-ce qu’on voit dans le futur de Pony?
Texte
Hélène Mallette
Photos
Julien Laperrière
Retouche
Visual Box
Mise en beauté
Léa Bégin